L’enseignement de la Province de Hainaut est proactif en matière d’harcèlement et plus particulièrement de cyber-harcèlement. C’est ainsi que l’Institut d’Enseignement Secondaire Paramédical Provincial de Mons (Nursing) a participé au projet « Cyberhelp » propulsé en 2017 par Nicolas Martin alors député wallon.
Précisons d’emblée qu'un élève sur trois est concerné par le cyber-harcèlement et qu’il faut agir au plus vite de manière constructive.
Cyberhelp est le résultat d’une collaboration mise sur pied entre le Service Prévention de la Ville de Mons et le Service des Sciences de la Famille de l’Université de Mons. Un projet de longue haleine qui a vu naître des espaces de parole, des animations de prévention, une sensibilisation aux risques liés aux TIC, des formations de référents numériques et de cyber-citoyens. Cette collaboration a surtout permis de donner naissance à l’application Cyberhelp, disponible sous Ios et Android. Une application qui permet de lutter de manière efficace contre le cyber-harcèlement. Elle peut être téléchargée dans un espace couvert par l’action.
L’expertise de l’UMONS est assurément une plus-value ; « Il y a des attentes du côté des parents et des élèves qui se sentent souvent désemparés face au cyber-harcèlement. La force réside aussi dans le fait qu’il y avait une volonté politique. Elle a permis de rencontrer une expertise scientifique et de mobiliser les écoles. Cela a permis une prise en main du phénomène par ceux qui le subissent mais aussi par ceux qui le font subir » signale Bruno Humbeek, chercheur en pédagogie familiale et scolaire. Il précisera encore que « Cyberhelp » est un exemple qui a eu des échos au-delà des frontières, notamment en France.
Côté pratique, les victimes peuvent effectuer des captures d’écran pour garder trace de leur agression. Parallèlement à cela, ils peuvent entrer en contact avec une équipe de référents numériques qui sera à leur écoute, de manière discrète et efficace. Témoins ou victimes peuvent ainsi trouver un relais constructif pour s’extirper de la zone dangereuse. La prévention est de mise même si les cas plus lourds passeront par le conseil de discipline.
Notons encore que les jeunes peuvent participer à des séances d’information concernant les usages des technologies de l’information et de la communication. Ils sont également sensibilisés à l’usage responsable de ces technologies.
Les élèves sont acteurs principaux du projet « Nous avons ici à l’école développé une « Team Prévention » qui veille au bien-être de chacun, je suis très heureuse de voir l’engagement de nos jeunes pour lutter contre ce fléau, il y a d’ailleurs plus de candidats que de places, le climat est serein, les jeunes parlent entre eux et le but est atteint, en cas de besoin, ils se tournent vers l’autorité pour relayer et trouver rapidement, quoi qu’il en soit une solution adéquate au problème rencontré ».
Même son de cloche pour Jérôme Caudron, sous-directeur de l’IESPP Mons : « L’expérience menée depuis deux ans par les écoles pilotes dont l’IESPP fait partie porte du fruit, un dialogue de confiance s’est littéralement installé, l’application aide à déceler rapidement une situation d’harcèlement et nous pouvons intervenir de manière pointue. Les équipes en place jouent pleinement leur rôle, tantôt préventif, tantôt répressif ».
Pour les élèves devenus des cyber-citoyens, l’expérience est bénéfique : « Nous sommes tous concernés par cette problématique, une simple moquerie peut se transformer en blessure pour la personne qui la reçoit, je me sens impliqué dans mon rôle d’écoute attentive, c’est motivant de participer à un tel projet, les auteurs sont ainsi prévenus du suivi en cas de méfait », nous confie Loan Etienne, élève en 5e Techniques Sociales.
« Le dialogue entre les élèves, les profs et la direction est important. C’est la clé. La confiance doit s’installer et ce projet rencontre bien ce but, c’est une chouette initiative qu’il faut maintenir, toute forme de harcèlement est à bannir », nous confiera encore Marie Lefèvre élève en 6e aspirant nursing.
Pour Pascal Lafosse, Député provincial en Charges des Enseignements et Nicolas Martin, Bourgmestre de Mons, il faut donner de la pérennité à cette initiative. Espérons que cette action puise être étendue à l’ensemble l’enseignement provincial. La ministre de l’enseignement, Caroline Désir, sera à nouveau rencontrée pour aller plus loin concernant ce projet unique et novateur.