Ce 4 juin, les élèves de 3e année de l’IESPP Tournai ont accueilli Mme Vanessa Verriest en classe. Vanessa est venue leur parler de sa fille Margaux et des conséquences du harcèlement dans sa globalité.
« Margaux était une jeune fille comme tout le monde, dynamique, pétillante avec beaucoup d’amis et toujours disponible pour aider, jamais je n’aurais pensé qu’elle puisse subir du harcèlement et qu’elle mette fin à ses jours à 14 ans » entame Vanessa Verriest.
Devant les élèves, elle raconte les difficultés et les appels à l’aide lancés.
En 2017, quand Margaux est entrée en secondaire, tout se passait bien. Et en décembre, Vanessa découvre qu’elle s’était scarifié le poignet.
Pour tenter de comprendre et surtout d’aider sa fille, elle est allée à l’hôpital, aux urgences, a cherché des psychologues, des pédopsychiatres, testé l’hypnose mais rien n’y faisait, Margaux continuait à se scarifier et à s’enfoncer dans la colère.
A plusieurs reprises, on lui dit : « Margaux est trop sensible, elle doit apprendre à gérer ses émotions ».
Les relations amicales sont compliquées, Vanessa découvre que sa fille est harcelée à l’école, à l’arrêt de bus, en rue … L’école peine à réagir efficacement malgré les demandes incessantes de Vanessa. La Police ne sait pas gérer le problème.
Le cyber-harcèlement continue… Margaux ne va pas bien, elle fugue à plusieurs reprises, ses « amis » ne donnent jamais de nouvelles à sa mère qui ne comprend pas la cause profonde du mal-être de sa fille.
« Le téléphone est une arme et peut tuer. Les vidéos qu’on partage peuvent blesser les personnes qui s’y trouvent. Quand on envoie des messages par téléphone, on ne voit pas la personne en face et on ne réfléchit pas aux conséquences » insiste Vanessa auprès des élèves.
Au fil des mois, la situation est devenue intenable, Margaux évoque plusieurs fois le suicide, est internée deux semaines dans un centre, fugue du service pédiatrique de l’hôpital, se réfugie chez une vague connaissance des réseaux sociaux à Bruxelles. Ses parents la cherchent continuellement, la police la ramène à la maison, elle refuse de parler et d’exprimer la cause du harcèlement.
« Si vous faites face à une pareille situation, n’hésitez pas à en parler à vos professeurs, éducateurs, à vos parents… pour éviter le pire. Margaux a été harcelée sur les réseaux sociaux, en rue, on l’a tabassée, la vidéo a été partagée,… J’ai frappé à beaucoup de portes, pourtant les premiers acteurs sont les témoins. Mais personne n’a jamais eu le courage de me contacter pour me dire ce qu’il se passait » poursuit Vanessa Verriest.
« Je savais qu’elle allait se suicider. Mon mari et moi avons pris la décision d’aller voir le SAJ parce nous ne savions plus rien faire pour elle. On a demandé à ce qu’elle soit placée par le juge de la jeunesse pour l’éloigner des gens qui lui faisait du mal, pour la protéger des autres et d’elle-même ».
« Le 11 juillet 2020, je suis rentrée, ma fille était morte. Mon mari a essayé de la réanimer jusqu’au relais des équipes de secours. On nous a dit « C’est fini »… Deux ans de combat à crier à tout va qu’il fallait faire quelque chose. Puis, c’est le silence, il n’y aura pas de retour en arrière »
Margaux s’est suicidée en laissant un mot à sa maman dans lequel elle écrivait qu’elle n’avait plus la force de vivre.
Aujourd’hui, même si elle ne sait toujours pas pourquoi on s’est acharné ainsi sur sa fille, Vanessa Verriest témoigne dans les écoles auprès des plus jeunes pour sensibiliser au harcèlement et les inciter à réfléchir.
« Le harcèlement peut toucher tout le monde. Je continue à faire tout ce que je peux pour sensibiliser. Prenez conscience de l’impact que cela peut avoir de ne pas réagir ou de se confier à quelqu’un » conclut Vanessa Verriest.
Infos sur la page facebook : Stop Harcèlement Tournai/Mouscron/Ath/Mons