A en croire les médias, la police fait tout et n'importe quoi. Entre violences journalières et bavures meurtrières, l'image du corps de métier a, cette année encore plus que de coutume, été malmenée. L'arrivée des mesures sanitaires liées à la covid19 n'a en rien aidé. Souvent décriée, peu écoutée, la police souffre d'un déficit d'image... intéressant à étudier dans le cadre de l'éducation aux médias!
Partant de "l'affaire Georges Floyd", Mmes Sanok et Vandamme ont emmené leurs élèves de 4e TQ Sciences sociales dans un projet de deux mois relié à un thème qui leur tient à coeur : les stéréotypes et préjugés. De chaque côté : le stéréotype du "parfait délinquant potentiel" autant que celui du "flic répressif et violent". La part de cliché inévitable, les généralisations dommageables.
Avec la Radio d'Ecole en Hainaut, les élèves ont participé à des animations de réflexion et de débat contradictoire sur leur image de la police, ce que devrait être pour eux le policier idéal, leurs ressentis sur les événements qui ont émaillé l'année tels que l'affaire Adil, le procès Madwa, les échauffourées au Bois de la Cambre, etc. Ils ont également posé un regard critique sur le traitement médiatique de ces événements, tant dans les médias traditionnels que dans les groupements d'intérêts sur les réseaux sociaux, et sur l'influence que peut avoir ce traitement médiatique dans l'entretien – ou non – des stéréotypes y liés. Comment repérer les intentions de nos interlocuteurs ou les images d'Epinal dans notre propre carte du monde ? Comment exprimer notre ressenti de manière à ce qu'il soit bien reçu ? Comment écouter l'autre ? Comment contrecarrer les stéréoptypes ? Comment pacifier les échanges sur ces sujets?
Une vraie rencontre, avec de vraies personnes
Climax du projet, une journée de rencontre entre les 120 élèves participants et six représentants de la police
- Bertrand Caroy : responsable service Circulation routière Zone boraine et participant à l’émission « Enquêtes » sur RTL TVI
- Thierry Dierick : Chef de Corps zone Sylle-Dendre
- Magali Delannoy : Directrice des Opérations ff /Cheffe du Cabinet du Chef de Corps - Zone Mouscron
- Fabrice Vanderhest : 1er Inspecteur Principal OPJAPR - Gradé ORA zone Charleroi
a permis de faire réellement connaissance avec les réalités de chaque côté.
D'une part, d'échanger sur le métier, ses contraintes, ses aspects passionnants, la vocation, les motivation des jeunes aspirants policiers, la flamme du métier chez les anciens, l'essentiel management derrière les hommes sur le terrain, les déceptions, les questionnements et d'autre part de parler "délit de faciès", contrôles abusifs et violence gratuite, abus de pouvoir et "attitude de cow-boy", sentiment de peur et d'insécurité, mais aussi admiration et respect, chez nos jeunes.
Ce que nos jeunes pensent de la police, la Radio d'Ecole leur avait demandé durant les animations, via quatre questions :
- quelle est mon image générale de la police ? Groupe 1 / Groupe 2
- quelle image m'en donnent les médias ? Groupe 1 / Groupe 2
- quelle image je pense que la police peut avoir de moi ? Groupe 1 / Groupe 2
- ce que je voudrais dire aux policiers ? Groupe 1 / Groupe 2
et ces enregistrements ont été diffusés en préambule de chaque partie de conversation à bâtons rompus avec les invités, sous la houlette de Michel Descamps, animateur à Hainaut Culture Tourisme - Secteur Education permanente et Jeunesse, tout comme les CV des intervenants ont lancé la partie débats sur le métier.
En marge des discussions, les élèves ont aussi pu profiter d'activités formatives et ludiques au travers d'ateliers menés par le CEP Hainaut : la voiture - tonneaux qui prend par l'estomac chaque participant pour expliquer combien la perte de contrôle de son véhicule peut être secouante, et le parcours alcoo vision, qui montre par le prisme de lunettes déformantes combien l'alcool peut altérer la dextérité et la rapidité de réaction. Ces activités ont également été mises à disposition d'autres classes durant les jours suivants. Les 6e ont même eu droit à une mini-formation au permis de conduire théorique.
Si l'on n'a certes pas gommé tous les problèmes relationnels ou médiatiques entre jeunes et police, un réel pas les uns vers les autres a été effectué. Les intervenants étaient et restent demandeurs de contacts avec les jeunes. Nos élèves sont eux aussi très demandeurs et se sont révélés être un public très actif, de vraies chevilles ouvrières actives dans la construction du dialogue.