Engagés depuis le début de l'année dans le projet mémoriel "Dans les yeux de Gisèle", les élèves de 4eTQ de Nadège Vandamme et Adélaïde Sanok se sont penchés sur la propagande, la propagande de guerre et génocidaire, les mécanismes et les outils qui la constituent.
Durant les animations, le décryptage des affiches, le dessin est apparu comme particulièrement compliqué à décrypter. Si les élèves connaissent les codes des images videos, qu'ils regardent au quotidien sur les réseaux sociaux, les subtilités du langage iconographique leur étaient assez hermétique. Or les voilà à présent à tester eux-mêmes un mode d'expression graphique pour faire passer leurs idées et ressentis en un mot. Bon, ok : un mode d'expression... à la mode... très actuel et avec lequel ils se sentent à l'aise car illeur est clairement plus coutumier que les affiches des années '40.
Pas simple, néanmoins ! Et plus technique qu'il y paraît ! Quelques images, ici.
Heureusement, ils ne sont pas seuls face au mur !
Ottmane Mekki Berrada, artiste graffeur et animateur pour Province de Hainaut - Secteur Éducation permanente et Jeunesse, est là pour les guider, les aider, partager son savoir, ses techniques !
Un travail en de multiples étapes :
1- donner du sens : les 2 classes participantes, divisées en sous-groupes, ont dû se choisir un mot sur lequel travailler. Un mot qui leur est venu durant le projet mémoriel en cours, un mot qui pourrait le résumer, un mot qu'ils auraient envie de transmettre avec le récit de cette expérience mémorielle. Nous avons donc vu naître la team #FORCE car il fallait être fort pour survivre dans les camps, la team #LIBERTE car quand on a été discriminé, empêché, enfermé, on en connaît le prix, la team #PAIX car comme le conflit russo-ukrainien le montre, la guerre couve toujours et peut ressurgir très vite si l'on néglige de travailler au maintien de la paix chaque jour, la team #UNION car ensemble on est plus fort pour faire valoir ses droits, et la team #ESPOIR car quelles que soient les périodes difficiles, de meilleurs lendemains sont possibles et il faut garder espoir (et bon, c'est aussi parce que le mot se situe face au bureau du sous-directeur et que quand on est convoqué chez lui... mais ça chuuuuuuuuuuuuuut : les élèves nous ont demandé de ne pas le dire 🙂)
2 - choisir son style : une multitude de lettrages sont possibles, à chaque groupe de décider de sa taille et de sa police de caractères.
3 - tracer.
4 - se rendre compte que le tracé n'est pas droit, recommencer, s'appliquer davantage dans la précision des mesures, quadriller son espace pour ne rien laisser au hasard
5 - masquer : protéger les zones qui ne doivent pas recevoir de peinture au 1er passage
6 - peaufiner son masquage parce que là aussi, le manque de précision peut être fatal
7 -bâcher le reste de l'espace pour limiter au maximum la contamination des murs et sols alentours / se protéger soi
8 - peindre, enfin !
9 - attendre que ça sèche. Mais pas trop longtemps : 5 à 10 minutes suffisent
10 - libérer les zones cachées
11 - masquer les zones peintes pour pouvoir peindre les zones libérées
12 - peindre une seconde fois
13 - attendre que cela sèche
14 - libérer les zones masquées et découvrir ce que cela donne
15 - nettoyer, ranger
Au total, cela représente plus d'une dizaine d'heures de travail par groupe ! Et tout n'est pas terminé : comme le projet court sur 2 ans, les élèves de l'an prochain customiseront une lettre comme Ottmane l'avait initialement prévu dans sa démarche participative.
Le hall de l'école sera ainsi marqué par ce projet, à l'image des élèves qui l'auront fait vivre toute l'année et l'animeront encore l'an prochain... et les années suivantes, puisque l'idée est que les anciens expliquent aux nouveaux arrivants dans quel contexte les grafs ont été réalisés, et faire ainsi des élèves de l'école des passeurs de mémoire.