Variateur, potentiomètre, microprocesseur, entrées analogiques et digitales… Il y a deux semaines, l’Institut d’Enseignement Technique Secondaire de Charleroi (IETS) organisait les épreuves de qualification pour ses élèves de dernière année en option « Électricien-Automaticien ». Alors… que s’y est-il passé ?
Épreuve
Dans le cadre de leur sixième année, huit élèves électriciens-automaticiens ont fait face à un jury de qualification. D’abord, ils devaient présenter leur projet et ensuite répondre aux questions des différents intervenants. Au-delà des trois professeurs de la section, Messieurs Marcoux, Azizi et Meziane, les élèves ont été confronté à quatre externes : Charles Rolain, ancien professeur de l’école ; Ignace Sabato, retraité du domaine évalué ; Bruno Floris, teamleader chez EQUANS (anciennement Engie) et Frédéric Henry, supervisor chez TK ELEVATOR (anciennement ThyssenKrupp). Ces deux derniers sont venus pour évaluer les élèves vis-à-vis de la réalité du terrain mais surtout, pour recruter de la main d’œuvre qualifiée et sérieuse pour leur entreprise. Ils ont jaugé les potentiels candidats et essayé de voir quels profils pourraient convenir à leur société.
M. Rolain : « La qualification, c’est aussi une façon pour les élèves de se rendre compte de ce qu’ils vont connaitre après, dans le milieu professionnel. Pour travailler, il faut savoir se vendre. Pour se vendre, il faut savoir montrer ses compétences. En outre, un individu qui connait tout, ça n’existe pas. Par contre, un individu qui montre son désir d’apprendre tout ce qu’il peut, c’est vraiment essentiel. »
Section
Pour rappel, un électricien automaticien est une personne qui prend en charge les équipements automatisés à partir d’un cahier de charges, un plan mécanique, un schéma électrique ou tout autre document venant du constructeur. Pour ce faire, elle jongle avec de nombreux domaines : électricité, électronique, mécanique pneumatique et hydraulique, automatisation, etc.
M. Meziane résume assez bien la situation grâce à l’exemple de l’ouverture et la fermeture automatiques des portes dans le métro, typique du domaine. D’après lui, la section regroupe donc deux aspects :
- Électricité: première partie manuelle et élémentaire visant à raccorder le matériel à la puissance via un moteur, une pompe, etc.
- Automation: seconde partie digitale et spécialisée visant à programmer des commandes de manière automatique.
École
Par cette épreuve, l’établissement cherche à mettre ses élèves en situation réelle pour qu’ils puissent montrer leurs capacités, en termes de réactivité notamment. Le jury interroge le jeune pour savoir s’il maitrise son installation et s’il comprend ce qu’il fait.
M. Sabato : « Ça fait une quarantaine d’année que je participe à cette évaluation annuelle. C’est intéressant de suivre les élèves pour les soutenir dans leurs réflexions. L’important n’est pas de savoir par cœur, il faut montrer une bonne compréhension, des capacités logiques notamment pour améliorer la sécurité autour du fonctionnement de la machine. »
Alors qu’un élève entre dans la pièce pour présenter son projet, la différence entre les études générales et techniques est abordée. En effet, le jeune homme a fait ses quatre premières années de secondaire en général avant de passer dans la section « Électricien-Automaticien » pour le dernier degré. M. Sabato lui a demandé s’il était « plus facile » de réussir dans des études techniques… Et bien, malgré les présupposés communs, l’élève a répondu par la négative !
M. Marcoux explique que dans les esprits, il y a souvent un apriori de hiérarchisation : d’abord les générales, ensuite les techniques et après les professionnelles. Pourtant, ce n’est pas du tout le cas. Ce sont simplement des finalités différentes. Ce sont des études qui sont même parfois plus difficiles car elles sont plus spécifiques, pour des domaines spécialisés. Il faut quand même étudier, il faut quand même suivre, etc.
Marché du travail
Du travail, dans le secteur, il y en a. Cela signifie que même si les élèves veulent arrêter leurs études directement après le secondaire, ils trouveront facilement un emploi.
M. Henry : « Trouver de la main d’œuvre, des techniciens voire des électromécaniciens est très compliqué dans notre domaine. Notre entreprise, TK ELEVATOR, a dès lors décidé de se rendre à la source, dans les écoles pour dénicher les talents et envisager quelles personnes pourraient compléter ses équipes de demain. »
Pour une première expérience en tant que juré à l’IETS, M. Henry indique sa satisfaction. Il y a du potentiel, les élèves ont de bonnes idées et on sent qu’ils se sont documentés. C’est suite au stage d’un élève de l’établissement, au sein de son entreprise, en avril 2022, qu’il a été invité à participer. D’après le supervisor du service SAV, cette expérience de tutorat lui a permis de se rendre compte du niveau d’enseignement proposé ainsi que de la motivation des jeunes ce qui est de plus en plus rare aujourd’hui.
De son côté, M. Floris participe aux évaluations depuis 2008. Il est d’ailleurs diplômé d’un graduat obtenu à l’Université du Travail. S’il continue à s’impliquer, c’est parce que l’enseignement est bon au sein de l’établissement scolaire. Il met néanmoins en garde quant aux avancées du domaine industriel. Si des moyens financiers plus importants ne sont pas alloués à l’équipement des écoles de manière générale, celles-ci risquent d’être de plus en plus en décalage avec les technologies développées.
M. Floris : « Je recherche des candidats pour agrandir mon équipe au sein d’EQUANS. Je viens les chercher à leur sortie de l’école et leur propose un accompagnement via différents modules de formation pour qu’ils puissent se diriger vers leurs domaines de prédilection. Mon objectif aujourd’hui est de repartir avec les coordonnées de deux à cinq jeunes. »
D’après Cindy Clause, cheffe d’atelier, en dehors des qualifications, de nombreuses entreprises et même des agences intérim contactent l’IETS pour disposer de main d’œuvre. Les élèves sont donc très sollicités avant même d’avoir fini leur cursus. En ce sens, l’idée d’organiser un job day est en train d’émerger. En un même lieu, à un même moment, les entreprises et les jeunes pourraient se rencontrer, échanger et même réseauter.
Témoignages des élèves
Grégory Arsenius : « Je suis en sixième année et je viens de passer ma qualification d’électricien-automaticien. J’ai présenté une machine qui trie les pots disposés sur un tapis roulant. Les “mauvais” pots (mal vissés, sans couvercle, etc.) sont mis de côté dans un sas tandis que les “bons” restent dans le couloir de production. L’entretien avec le jury était stressant mais finalement, ça s’est bien passé. Les membres étaient tous bienveillants. L’important était de montrer qu’on avait bien compris la machine fabriquée, d’expliquer notre raisonnement dans différentes situations ou pour résoudre un problème plutôt que de réciter de la matière pure. »
Ziad GHADAB : « De mon côté, je ne suis pas encore passé. Je compte présenter un projet de “pot roulant”. C’est un chariot qui vient chercher une pièce d’un point A pour l’amener à un point B. C’est un mécanisme similaire à ce qui se passe dans une usine sidérurgique : des engins automatisés transportent des pots en fusion afin que leur contenant soit ensuite mis dans un moule situé ailleurs. J’appréhende de passer, c’est vrai. Les élèves déjà évalués sont rassurants mais chaque situation est unique… Après mes études à l’IETS, j’aimerais entamer un bachelier en électromécanique. »
Loïc MIGNON : « Je viens tout juste de montrer mon projet au jury. C’était un ascenseur miniature. Tout s’est très bien passé, j’ai même reçu les coordonnées de l’un de jurés. J’aimerais travailler directement. J’avoue que j’avais déjà deux contacts avant même de passer cette qualification donc, je vais réfléchir à mes possibilités pour la suite. »
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